Sport Culture
Lifestyle et Business

NEWSLETTER

Centre-France : l'entretien avec Alain Bernard

Pour cumuler les médailles aux JO, le nageur Alain Bernard a vécu de multiples épreuves, étant un enfant mal dans son corps, pas sûr de lui, victime de maltraitance, révèle-t-il dans son autobiographie.   

Il pique toujours des têtes dans les bassins malgré de multiples sollicitations. "Je me rends régulièrement au parc aquatique d'Antibes. Je prends toujours plaisir à glisser dans l'eau, mais sans regarder le chrono...", confie Alain Bernard. Le champion de natation a aussi eu le temps de prendre la plume pour son autobiographie, Mon destin olympique (éditions Talent Sport). Une mise à nu révélant une personnalité taillée pour les épreuves. 

Souffrance

"Quand j'étais petit, je me rappelle avoir entendu que "les filles devaient souffrir pour être belles". Pour un sportif de haut niveau, c'est un peu pareil, comme dans la vie. On est souvent malmenés, avec des sauts d'humeur, des nouvelles pas toujours très bonnes, qui se heurtent à notre sensibilité. On est d'autant plus capables d'apprécier des choses rares quand on en a bavé."

Pour un rien 

"Décrocher une médaille mais aussi ne pas être sélectionné aux JO se jouent à pas grand-chose... C'est ce qui m'est arrivé à l'âge de 21 ans, ratant l'accès aux JO d'Athènes. Cet échec m'a nourri et m'a donné les armes pour ne pas revivre une telle chose. À l'époque, je bricolais dans mes études, mais j'ai persévéré dans le sport. J'ai eu la chance de forcer le destin."

Notoriété

"C'est un moyen de partager ce que j'ai appris sur moi-même. Mon livre en fait partie, comme un héritage et une façon de dire : "C'est possible de réussir, de se surprendre." Je le fais aussi à travers des actions soutenues par des équipementiers ou EDF dans la perspective des JO de 2024 à Paris. Je transmets aussi mes conseils lors de stages de natation. Conseiller municipal à Antibes, je suis aussi bénévole dans le club de natation de la ville, ..."

Harcelé

"Avant de mesurer 1,95 mètre pour 100 kg, j'ai eu une autre taille, j'étais frêle, ne passant pas inaperçu. J'ai été malmené, mais cela ne m'a pas traumatisé ; j'ai évacué cette rage contre de tels comportements à travers le sport, en particulier la natation. Sur le harcèlement, il est important de libérer la parole, que les jeunes se confient à des proches, des amis. Moi-même, je n'ai pas parlé de mon harcèlement à l'école, j'aurais dû le faire. Cela m'aurait aidé à m'émanciper plus rapidement."

Flirt avec Laure Manaudou

"C'était enrichissant d'échanger de façon secrète. Je me sentais pousser des ailes. Même si cela a duré peu de temps. J'ai toujours eu énormément de respect pour Laure. J'ai souffert pour elle quand elle a été malmenée médiatiquement. Laure reste la première championne olympique de natation à 17 ans. Elle a marqué une génération. Elle peut à la fois être insouciante et avoir une force de caractère. Je la respecte beaucoup. Laure reste une amie."

De droite

"Quand j'étais en activité sportive, je n'ai jamais voulu m'afficher politiquement. J'ai pu m'engager un peu plus depuis ma retraite sportive en siégeant au Conseil municipal d'Antibes. Ma démarche c'est d'abord de faire bouger les lignes et d'apporter des choses aux sportifs de haut niveau. Être au coeur du système, c'est fascinant."

Ministre des Sports

"C'est beaucoup trop tôt. Dans le sport de haut niveau, le temps nous est compté. Là, pour être ministre, il n'y a pas de limite d'âge. Je ne dis pas non, mais pas tout de suite. De toute façon, ce n'est pas moi qui déciderai."

Rêve 

"Partager mon expérience à travers des entraînements, des stages avec les enfants, des conférences, ... Moi-même, je me suis nourri des uns et des autres. Je suis aussi en pleine construction de ma vie personnelle, étant très attaché aux valeurs familiales. J'ai plein de petits défis à relever."

Futur papa ? 

"Chaque chose en son temps. Si j'arrive à être aussi disponible que mes parents l'ont été avec moi, je serais fier. Ma mère m'emmenait à tous mes entraînements, à toutes les heures de la journée. Cela n'a pas de prix !"

Par Olivier Bohin pour les journaux du groupe Centre-France.