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Fit by Clem, son portrait par Ouest-France

Elle s'appelle Clémentine, alias « Fit by Clem », elle a 30 ans. En quelques années, cette Parisienne est passée de lycéenne qui se cachait dans les buissons pour échapper aux cours de sport, à étudiante fêtarde invétérée, puis à prof de fitness et influenceuse sur les réseaux sociaux, suivie par près de 450 000 personnes. Elle sculpte son corps… et sa vie.

La voix est légèrement éraillée, le débit comme une eau vive. Clémentine a 30 ans, elle vient de sortir « Mon guide Fitness, quatre programmes pour un corps sculpté » chez Talent Éditions, un livre vitaminé entièrement illustré dans lequel on retrouve quatre programmes de fitness personnalisés par niveau, six mois de séances évolutives pour progresser à la maison, les bases de la nutrition sportive et quelques astuces de motivation et de récupération.

Clémentine est ce que l’on appelle une influenceuse. Elle est suivie par une communauté de 450 000 personnes sur les réseaux sociaux, Instagram et Youtube où elle poste régulièrement des stories, des vidéos dans lesquelles on la voit pratiquer, conseiller, conforter, partager, liker, accompagner.

« Je profitais de la vie, je n’avais pas d’hygiène de vie »

Rien ne la prédestinait à cela. Elle vit à Nice depuis peu, elle est originaire de la banlieue parisienne. Ado, elle était de celles qui se cachaient derrière les buissons au lycée pendant que les autres enchaînaient les tours de stade pendant les cours d’éducation physique et sportive. Petite, elle avait touché à tout, s’était essayée au tir à l’arc, à la danse, au tennis. « Avant que tout cela ne devienne une corvée, moins j’en faisais mieux je me portais », dit-elle, complexée par ses cuisses et plein d’autres choses.

C’était encore pire étudiante. « Je profitais de la vie, je n’avais pas d’hygiène de vie, ce n’était pas très sain. » Elle sortait beaucoup, « inrentrable » comme on dit quand elle se lançait dans les soirées autour de la place « Plume » à Tours, où elle suivait une licence en Sciences de gestion après l’obtention d’un DUT Gestion des entreprises et des administrations. « Je suivais mes potes. Et puis, à l’âge de 20 ans, ça m’a causé des problèmes de santé. Mon corps m’a dit stop. »

« Pour moi, au début, la muscu c’était pour les kékés »

De retour sur terre et à Paris, où elle suit un master en marketing, elle pousse la porte de la salle de sport de la fac. « Mon copain faisait de la musculation. Pour moi, c’était pour les « kékés », je voyais ça comme de la gonflette qui ne servait à rien. Et puis, quand on s’y intéresse, qu’on commence à la pratiquer et à comprendre, on se rend compte que ce n’est pas si superficiel. La musculation est entrée dans l’inconscient collectif comme étant associée au culturisme, à la force athlétique. Mais la muscu, ça sert pour des choses fondamentales : la réathlétisation, la préparation physique à d’autres sports, le renforcement global du corps. Beaucoup d’athlètes de haut niveau font de la musculation via des protocoles néanmoins spécifiques et très suivis. »

« Je n’avais pas confiance en moi, je subissais, je suivais les autres et j’en ai eu marre »

Elle avoue que sa motivation première a été physique. « Je commençais à avoir un peu de cellulite sur le bas du corps, je n’aimais pas mes cuisses, leur aspect, je complexais pas mal. J’ai demandé deux ou trois conseils à mon copain. Et puis, surtout, je détestais tout ce qui était cardio, comme courir par exemple. Transpirer en faisant du sport, pour moi, c’était horrible. J’ai donc commencé dans la salle de ma fac, j’étais la seule fille. Il y avait des machines de muscu, j’y allais deux ou trois fois par semaine, un travail d’ensemble. »

Aussi poussée par l’hygiène de vie de son compagnon (« il allait faire sa séance de sport le matin même en vacances »), elle s’astreint à un rythme. « Je n’avais pas confiance en moi, je subissais, je suivais les autres, et j’en avais marre. Et assez vite, ça m’a rendu fière de moi, je me sentais bien après mes séances. On est toujours content après une bonne séance de sport, on a pris soin de soi, on s’est accompli à son niveau. »

 

« Les grandes chaînes peuvent être intimidantes, surtout quand on est une fille et qu’on débute »

Elle finit par s’inscrire dans une petite salle de fitness indépendante, pas loin de chez elle. « C’était idéal. Parfois, les grandes chaînes de salles de sport peuvent être intimidantes, surtout quand on est une fille et qu’on commence. Arriver au milieu d’une armada de gros mecs, ça peut vite être compliqué. Donc je n’ai pas eu ce problème. Très vite les gérants sont venus à moi et m’ont expliqué des choses. J’ai fait des rencontres, des entraînements en petit groupe. En complément des machines, j’ai fait des charges libres, les barres, les haltères. Tout en ayant un peu peur de gonfler. J’ai compris après coup que c’est surtout l’alimentation qui fait gonfler, plus qu’une méthode d’entraînement. »

 

Elle dit : « J’étais comme un puzzle éclaté sur lequel j’ai raccordé les pièces petit à petit. J’ai compris que si je voulais plus de résultats, il fallait que je bosse de telle ou telle manière, que je mange comme ci ou comme ça. J’ai appris à me considérer à travers ma pratique sportive, à mesure que je découvrais les choses. » À se considérer, dit-elle : « Oui. Finalement, j’accordais beaucoup d’importance aux autres et très peu à moi. Je voulais trouver quelque chose qui me fasse du bien. Et je me suis découverte. J’ai appris à me dépasser, à aimer ça. J’ai intégré le fait que j’étais capable, que j’avais un potentiel. »

« Le cercle peut passer de vertueux à vicieux, il faut faire attention »

Comme elle ne fait rien à moitié, Clémentine a appris à doser le curseur. « Il y a des moments où j’étais un peu trop à fond. On peut se blesser. On peut aussi, ça m’est arrivé, avoir tendance à culpabiliser si, par fatigue ou une envie moins forte, on zappe une séance. Le cercle peut passer de vertueux à vicieux. Il a fallu que j’atteigne mes limites pour comprendre. »

Clémentine partage tout cela sur les réseaux sociaux. Instagram et Youtube n’ont pas encore l’impact que l’on connaît, mais elle se crée déjà une petite communauté. Convaincue des bienfaits de sa pratique, pas vraiment convaincue par ses études ni son bac +5, elle passe alors son diplôme de coach sportive. « Le contact avec les gens, ça me correspondait. L’année de formation avait été très, très dense, avec beaucoup de cours collectifs, de step, de cardio, moins de muscu. Ça avait viré au calvaire. J’étais très fatiguée. Je m’étais blessée plusieurs fois. Mais j’avais affiné encore un peu plus ma vision des choses, compris ce qui me correspondait complètement. »

 

« L’utilisation des réseaux sociaux est montée en flèche en même temps que la pratique du fitness »

Elle continue à partager sur les réseaux. « Ça m’apportait une certaine reconnaissance. Ça me faisait plaisir de m’exprimer ainsi. Je racontais mes séances, mes journées de muscu. Très vite, l’utilisation des réseaux sociaux est montée en flèche en même temps que la pratique du fitness, surtout sur Instagram. Des personnes se sont identifiées à moi, ont trouvé que ce que je partageais était intéressant. Ma communauté a augmenté comme ça. »

Elle professionnalise sa pratique, parvient sur les réseaux sociaux à trouver la ligne de crête entre authenticité, chaleur, distance et compétence. Crée sa chaîne Youtube. Apprend à écrire, à tourner et à monter des vidéos. Poste tous les jours ou presque. Garde un pied dans la « vraie » vie en donnant des cours collectifs dans des salles indépendantes, dans des sièges sociaux d’entreprises, ou en donnant des coachings personnalisés. Jusqu’à ce que sa communauté gonfle encore, 450 000 personnes environ aujourd’hui, que les marques la sollicitent, qu’elle devienne influenceuse et surbookée. « Je préfère le terme « créatrice de contenus » à influenceuse. » Elle a gardé quelques coachings en présentiel, pour ne pas « s’enfermer dans une bulle ».

« Les temps sont un peu durs, le sport permet de garder le moral »

L’ado complexée, l’étudiante fêtarde devenue sportive rigoureuse et influenceuse rêve un jour « d’ouvrir un studio de coaching ou une mini-salle de sport avec du matériel et de la clientèle ». Pour partager, aider aussi : « Les temps sont un peu durs. Ce qui permet aussi de garder le moral, une certaine ligne de conduite, de l’estime de soi, c’est le sport. Ça fait du bien au corps et à la tête. C’est un antidépresseur naturel. Ne nous laissons pas abattre, continuons à avancer. » Elle est un peu sculptrice, Clémentine.