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Les "Confidences" de Guy Roux à l'Yonne Républicaine

L'ancien entraîneur emblématique de l'AJA et le journaliste Alexandre Alain ont rédigé quelque 280 pages qui parlent de foot, de vin, de mage, d'amitiés, de marquage individuel ou encore de politique.

Qui ignore encore que Basile Boli chassait un chat la nuit, en chemise blanche impeccable, à la fenêtre de sa chambre du centre de formation de l'AJ Auxerre ?.. Mais cette anecdote, Guy Roux la raconte cette fois sous la forme d'un dialogue des plus vivants (et croustillants) dans son nouveau livre "Guy Roux-Confidences", paru ce mercredi 19 mai.

L'ex-entraîneur de l'AJA, 82 ans, y parle (sous la plume du journaliste Alexandre Alain)  foot, jeu, recrutement, méthode d'entraînement, carrière ; mais aussi éducation, politique, médias, rencontres, amitiés, cyclisme, chablis... L'homme au bonnet raconte.

Comment l'idée de ce livre est-elle née ?

J’en avais fait quatre, des livres, et le dernier, il y avait quelques années. Alors bien sûr, il s’est passé des événements depuis. Mais je pensais que je ne pourrais pas assez fouiller dans ma mémoire pour pouvoir faire un livre avec de l’intérêt. Et puis un jeune écrivain originaire de l’Yonne qui s’appelle Alexandre Alain, qui est originaire du Jovinien, m’a appelé et m’a dit qu’il voulait faire un livre. Il avait fait un livre sur (Jürgen) Klopp, l'entraîneur allemand de Liverpool. Il l'ai lu, il était bien. Je me suis dit qu'il devait être un garçon assez déluré pour faire un livre sur un Allemand entraîneur en Angleterre ! Il est venu me voir et on a fait le livre pendant le confinement en distanciel, par FaceTime (une application de visioconférence, NDLR), en se voyant tous les mardis matins. Il avait défini des sujets et j'ai développé tous ces sujets. Autrement dit, ça s'est fait sous son guide, et aussi sa correction, et ma dictée.

N'aviez-vous donc pas déjà tout raconté ?

Il y a plein d'histoires... 90 % n’avaient jamais été racontées. C’est mon esprit qui a changé, un peu. C’est une autre manière de raconter. En discutant, je m’aperçois que les gens me ressortent des choses qui ne sont jamais sorties ! Il y en a eu tellement… Évidemment, c’est le record de longévité, si on compte tout depuis la DH (Division d'honneur), de 1961 à maintenant, parce qu’on parle aussi de la télévision, des Coupes du monde, des championnats d’Europe, des voyages, tout ça…

"La vie à l’intérieur d’un groupe de football, à l’intérieur de mes équipes, intéresse beaucoup : ma manière de faire, très originale par rapport à ce qu’on peut voir actuellement."

Vous avez tenu à inclure certains chapitres, comme celui qui concerne les mises au vert : pourquoi ?

J’ai pu le constater : la vie à l’intérieur d’un groupe de football, à l’intérieur de mes équipes, intéresse beaucoup : ma manière de faire, très originale par rapport à ce qu’on peut voir actuellement, par rapport aux confrères. Sauf (Niko) Kovac, l’entraîneur de Monaco ! On aurait dit que c’est un de mes descendants, parce qu’il fait beaucoup de choses que j’ai faites. D’abord, il fait courir sans ballon, beaucoup. Ce que les entraîneurs français ne font plus. Il n’y avait plus que (Zinédine) Zidane qui fait courir sans ballon. S’il s’arrête, il n’y aura plus un entraîneur français qui le fait. Ils pensent que ce n’est pas nécessaire.

Vous évoquez d'ailleurs aussi le football actuel, quitte à comparer les époques, l'évolution du jeu, des mentalités ?

Oui, bien sûr. Kovac, là, par exemple : j’ai vu qu’il bouclait les Monégasques jusqu’à la finale de la Coupe (de France, contre le Paris SG, ce 19 mai). C’est ce que j’aurais fait ! Moi, je les aurais bouclés dans le Morvan ; lui, il les a bouclés dans la montagne de Provence, au-dessus de Monaco ! Sans sortie, sans retourner chez eux, etc. Lui, il a comme motivation supplémentaire de les protéger de l’épidémie, mais moi, c’était les protéger de tout le reste, tout ce qui n’est pas la préparation du match.

Vous ponctuez également ces pages d'anecdotes parfois savoureuses ?

Il y en a qui sont connues : j’ai re-raconté complètement bien sûr, parce qu’ils m’ont demandé que ce soit dedans, celle du mage de 96 (un homme mystérieux qui aurait un lien mystique avec le doublé Coupe de France-championnat de 1996, NDLR). Je l’ai racontée en détails, ce que je n’avais jamais fait à ce point-là. Des choses comme ça qui sont assez costaudes, qui font une dizaine de pages récréatives.

"Il y a beaucoup de gens qui me disent : “On ne te voit plus à la télé !” J'ai arrêté ma carrière : il n'y en a pas beaucoup qui atteignent mon âge !"

Comment s'annonce la promotion du livre, en cette période de crise sanitaire ?

Les signatures, ça va être un peu difficile, je vais en faire très peu. Mais elles seront dans l’Yonne, je pense. Ça pourrait être à Auxerre, à Sens et à Avallon, par exemple, où j’ai mes clients habituels. À chaque fois que j’y suis allé pour dédicacer des livres, il y avait beaucoup de monde. D’habitude, avec les livres, je faisais un vrai tour de France ! J’allais dans beaucoup de librairies, dans des endroits comme Colmar parce que c’est ma ville natale, Limoges parce que j’y ai vécu et que les gens se rappellent un peu. Ils ne se rappellent pas de mes exploits de joueur ! Mais quand on a parlé de moi quand j’étais avec l’AJA, ils disaient : “Ah oui, c’est le petit amateur qui était à Limoges !”. C’est comme en Alsace : il y a trois entraîneurs. Arsène Wenger, Gilbert Gress et moi !

Vous revoilà donc sous les projecteurs pour la promotion de vos "Confidences" ?

Oui, c’est un peu le cas quand il y a un livre ! D’ailleurs, les hommes politiques font des livres pour passer à la télé !.. Bon, je ne vais pas faire fortune. Je vais payer un petit peu d’impôts et d’Ursaff. La chaîne L’Équipe me fait, le 21 au soir, une sorte de jubilé : ils me font présider l’émission. J’en ai fait quatre ans, j’ai arrêté au printemps dernier avec la pandémie et je n’ai pas repris : ils ont pris Djibril Cissé à ma place, ce qui bien sûr me comble. Et là avec la sortie du livre, qu’ils vont présenter, ils me font présenter l’émission du 21. J’ai fait l’émission Tout le Sport pour France 3. Il y a beaucoup de gens qui me disent : “On ne te voit plus à la télé !” J'ai arrêté ma carrière : il n'y en a pas beaucoup qui atteignent mon âge !

Cette exposition médiatique vous manquait-elle ?

Non, non. J’avais dit que je n’en ferais pas du tout (de promotion), et puis je suis pris, parce que ce sont tellement des amis… Et puis ils ont fait les livres précédents, je suis obligé d’en faire beaucoup… La pandémie s’est un petit peu ralentie. Il y a les masques, je suis vacciné : j’ai l’impression que je suis un peu plus protégé qu’avant.

Par Sabrina Huard pour l'Yonne Républicaine.