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Rob Halford à Paris Match : "En me lançant dans le théâtre, mon homosexualité est devenue une évidence"

Dans son autobiographie, Confess, publiée chez Talent Éditions, le chanteur de Judas Priest revient notamment sur son coming-out libérateur.

« Je ne suis pas du genre à me demander : “Et si les choses s’étaient passées autrement ?” Je prends la vie comme elle vient. » À 69 ans, Rob Halford ne veut pas imaginer sa vie s’il avait révélé plus tôt son homosexualité. Car, pendant longtemps, le chanteur de Judas Priest, qui portait pourtant sur scène des tenues en cuir explicites, a caché sa sexualité. Même avec les membres de son groupe, l’omerta était de mise. « Cela vient du flegme britannique, sourit Halford. Tant que je chantais bien, que j’étais en forme pour aller sur scène, le reste ne les intéressait pas. Nous avons toujours fonctionné ainsi, sans nous poser de questions sur nos vies privées. »

Pendant plus de vingt ans, Halford préfère donc « rester dans le placard », plutôt que devoir s’affirmer dans le monde très testostéroné du hard-rock. « Depuis l’enfance je me sentais différent, j’ai vite compris que les hommes pouvaient avoir une forme de féminité en eux. Même les plus virils. Et c’est en me lançant dans le théâtre que mon homosexualité est devenue une évidence. » Mais quand Judas Priest se forme au début des années 1970 – Halford les rejoint en 1973 –, il est inconcevable que leur chanteur soit plus porté sur les garçons que sur les filles. « Sur l’album “Sin After Sin”, j’avais écrit “Raw Deal”, une chanson qui raconte l’errance d’un couple d’hommes à Fire Island, la Mecque des gays. Tout était dit. Eh bien, personne ne m’en a jamais parlé. Aucun journaliste ne m’a demandé pourquoi j’avais écrit cela… Peut-être que les textes ne sont pas si importants… »

Halford décide néanmoins de faire passer sa carrière avant son intimité et, pour ne pas avoir à trop gamberger, se noie dans l’alcool et la drogue. Jusqu’à ce jour de 1997 où il dit sa vérité. « Parce que j’avais décidé d’être sobre, d’être honnête… » L’époque a aussi évolué, et son coming-out permet à Judas Priest de reprendre du poil de la bête. Près de trente ans plus tard, le groupe remplit les salles devant un public de metalleux fidèles, venant désormais voir le Priest comme une vénérable icône du passé. Halford raconte moult détails dans son autobiographie, telle cette réception par la reine d’Angleterre lors d’une cérémonie privée, grande fierté personnelle du chanteur. « Honnêtement, même en chaise roulante, je chanterai “Living After Midnight” jusqu’à la fin de mes jours. J’ai la chance d’être stimulé par ce que je lis, ce que je vois, ce que j’entends, et cela me donne des idées pour la suite. « Quoi qu’il arrive, je continuerai à hurler comme un putois ! »

Par Benjamin Locoge pour Paris-Match.