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Coach Joe : son portrait dans Le Parisien

Joël Bouraïma, alias « Coach Joe », raconte son étonnant itinéraire dans un livre à paraître ce mercredi. Ou comment un gamin de Saint-Cyr-l’École (Yvelines) qui voulait être prof de sport est devenu un entraîneur prisé de la jet-set américaine.

De Saint-Cyr-l’École (Yvelines) aux salons des célébrités de Los Angeles, la vie de « Coach Joe » a un peu tout du rêve américain. D’ailleurs, Joël Bouraïma, de son vrai nom, le reconnaît lui-même, il lui arrive encore de se pincer.

Mais selon cet athlète sculpté à la perfection de 42 ans devenu star des coachs sportifs en Californie, son destin façon Hollywood relève surtout d’un maître mot : l’abnégation. C’est ce qu’il raconte dans un livre à paraître ce mercredi (« Toujours tout donner » par Joël Bouraïma, Talent Éditions, 19,90 euros), une bio « avec ses hauts et des bas », résume Joe en préambule d’un long appel passé depuis les États-Unis.

Couverture du livre

Joe vit à Los Angeles depuis plusieurs années déjà. Mais sa « base », ce sont toujours les Yvelines et la rue Danielle-Casanova de Saint-Cyr. « OK, je vis des trucs mais je sais d’où je viens », souligne ce fils d’un père sénégalais et d’une mère corrézienne, installés là dans les années 1980.

Saint-Cyr-l’École, c’est aussi le collège Jean-Racine et le premier d’une longue série de couacs dans son orientation scolaire. Après un bac obtenu à Rambouillet en forçant les différents aiguillages qui se présentent à lui, Joël finit par décrocher une licence Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) et touche son but du doigt : devenir prof de sport.

En Australie pour apprendre l’anglais… il devient footballeur

Mais alors qu’il effectue un stage dans son ancien collège, le doute pointe. « Au bout de deux semaines, je m’ennuyais. J’avais un peu trop idéalisé le métier. Et puis, il y avait une forme de désintérêt des petits. Moi, à leur âge, l’heure de sport, je l’attendais comme Noël », raconte-t-il. Joël se tourne alors vers l’événementiel sportif — « les débuts du Team building » — et prend du galon au sein de sa boîte mais, au moment de parler salaire, « on m’a expliqué que je ne parlais pas anglais, donc qu’on ne pouvait pas me confier les groupes étrangers ».

Qu’à cela ne tienne, Joël prend un billet pour l’Australie en ce début d’année 2006. Il veut y rester plusieurs mois pour maîtriser la langue. Il travaille d’abord dans des fermes, mais l’ancien joueur du FC Versailles est aussi recruté en tant que footballeur semi-pro. « Je gagne de l’argent comme ça. Quand je reviens, j’en connais plus sur moi », lâche-t-il.

Déjà pote avec Omar Sy dans les Yvelines

De retour à Paris, Joël travaille dans des salles de fitness. « Mon nom commence à circuler, je me crée un carnet de clientèle perso, que je coache à domicile. » Puis il intègre la prestigieuse salle de l’Usine Opéra, où il n’est pas rare de croiser certaines célébrités venues transpirer. Comme Omar Sy qu’il entraîne en 2010 avant le film « Intouchables ».

Il se trouve que les deux hommes se connaissent déjà, et font partie d’« une bande de potes » de Saint-Cyr-l’École et Trappes. « C’était cool de se retrouver comme ça, raconte le coach sportif. L’accroche était déjà là, on a pu se concentrer sur le côté pro. Omar m’a expliqué qu’il voulait mettre toutes les chances de son côté. Il m’a dit : Je vais devoir porter François Cluzet, je ne veux pas me bloquer le dos. »

Coach Joe en compagnie d'Omar Sy, après que ce dernier ait reçu son César du meilleur acteur pour son rôle dans Intouchables.

Omar Sy, encore, qu’il faut préparer physiquement avant le tournage du film « Les Seigneurs », qui raconte l’épopée de l’équipe de foot amateur de l’île de Molène, en Bretagne. « Omar n’est pas vraiment foot, mais il voulait être doublé le moins possible », précise Joël. Le nom de Gad Elmaleh, qui partage l’affiche, tombe lui aussi dans le carnet. « Mon nom circule », sourit-il. Parmi ses autres clients, on trouve ainsi Marina Foïs ou Leïla Bekhti.

Au sein de la salle huppée, il devient « le coach de référence », celui à qui on confie notamment « tous les clients anglo-saxons ». L’un d’eux est le multimillionnaire américain Steven Guttman. Ce magnat de l’industrie et l’immobilier, également collectionneur d’art, sera sa vraie porte d’entrée vers le Nouveau Monde.

« Je faisais partie du staff de Kanye West »

« J’ai travaillé avec lui pendant deux ans, raconte Joël. Puis un jour, en 2012, il me dit : Tu te sens de coacher Kanye West ? Je lui donne tes coordonnées. Je n’y croyais pas. Une semaine après, j’avais un coup de fil de son staff. Il venait pour quatre mois à Paris et voulait être en forme pour ses séances studios et les shows en tournée. Quelques mois avant, j’étais allé le voir en concert avec Jay Z et, là, je me retrouve en train de lui demander de faire des pompes ! »

Durant deux ans, « Coach Joe » va suivre le rappeur aux quatre coins de la planète. « Je faisais partie du staff, je n’avais qu’à dire oui quand on m’appelait et je prenais un avion pour le rejoindre », raconte-t-il. Le rythme est difficile à suivre.

« Les allers-retours à Paris en permanence, c’était compliqué, concède Joe. Je ratais des anniversaires, des rentrées d’école. Au bout d’un moment, j’ai dit : Je ne peux plus. Alors ils m’ont fait un visa. » En 2015, il s’installe ainsi définitivement sur la côte californienne avec sa femme et ses deux enfants. Il s’y construit sa clientèle, « des people mais pas seulement ».

Dans les soirées mondaines, « tu n’as pas le droit de jouer la groupie »

Depuis quelques années, « Coach Joe » a notamment sous sa coupe les sœurs Kim, Kourtney et Khloé Kardashian, l’une des familles les plus scrutées par la presse people mondiale. Avec de belles rencontres à la clé.

« Tu te retrouves dans une soirée chez les Kardashian et tu vois plein de gens que tu regardais avant à la télé, poursuit-il. J’y ai croisé Di Caprio, Elon Musk. Une autre fois, je vois Scottie Pippen (star du basket des années 1990) qui vient me serrer la main. Je n’en revenais pas. Mais tu n’as pas le droit de jouer la groupie. » Son seul regret sur le moment : « Ne pas pouvoir partager ces moments-là. »

Celui qui animait en 2020 l’émission « les Cancres » sur RMC Story et qui est devenu l’an dernier le prof de sport de la Star Academy, aime parler de « réussite ». Mais, selon lui, la chance n’y est pour rien. « Ou alors, vu mon parcours, j’aurais dû jouer au loto », conclut « Coach Joe ». « Pour moi, la chance, c’est plutôt l’addition de la bonne préparation et de la belle opportunité. C’est quelque chose qui se construit. Et c’est ça le message que j’essaie de faire passer. »

Portrait réalisé par Sébastien Birden pour Le Parisien.