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Djibril Cissé : l'entretien avec La Provence

À 42 ans, l'ancien attaquant international, qui a grandi à Arles et a réalisé son rêve de jouer à l'OM, a écrit un livre, qui sort aujourd'hui, où il guide la jeune génération. Entretien. 

Du jeune buteur supersonique de l'AJ Auxerre (1999 - 2004) aux derniers feux du haut niveau en France avec Bastia en 2015, Djibril Cissé a mené une carrière qui l'a vu, notamment, soulever la Ligue des Champions et disputer deux fois la Coupe du monde (2002, 2010). Aujourd'hui âgé de 42, l'Arlésien, qui a réalisé son rêve de jouer à l'OM (2006 - 2008), revient sur les grandes étapes et ses souvenirs de footballeur dans un livre Djibril Cissé, Ma vie de footballeur qui sort aujourd'hui. "J'espère que ce livre inspirera les jeunes footballeurs pour trouver leur propre voie" écrit-il en quatrième de couverture. Entretien "conseil" avec l'ancien numéro 9. 

 

Quel est le conseil qu'on vous a donné qui vous a le plus servi dans votre carrière de footballeur ? 

Il y a en a plusieurs. Celui que j'ai toujours appliqué, c'est de rester soi-même, de ne pas jouer un rôle, d'être respectueux avec les gens, mais ne pas se laisser faire et ne pas vouloir plaire à tout le monde. 

 

Quel est le conseil qui vous paraissait futile et qui ne l'était pas au final ? 

Très très jeune, quand le coach nous disait "Les gars, faites attention avec votre argent, ça ne dure pas éternellement". Quand tu as 20 ans, tu te dis que c'est un vieux qui raconte n'importe quoi. Finalement, quand tu prends de l'âge, tu te rends compte qu'il avait raison. Tu te grattes la tête sur les erreurs que tu as faites et tu te dis que tu aurais dû l'écouter. 

 

Quel conseil pour qu'un jeune footballeur traverse les époques ? 

De rêver, de croire en ses rêves, de croire que c'est possible, que ça n'arrive pas qu'aux autres. Si on travaille et qu'on met ce qu'il faut, et que le talent aussi suit, on a le droit de rêver à de grandes choses. 

 

Quel conseil auriez-vous aimé que l'on vous donne ? 

J'ai eu la chance d'avoir des gens bienveillants autour de moi. J'ai eu pas mal de bons conseils. Après c'est aussi à la personne de se faire son propre avis et sa propre histoire. J'ai eu beaucoup de bonnes personnes, de bons conseillers. Les conseils que j'ai reçus m'ont tous servis. Il n'y en a pas eu, vraiment, où je me suis que je ne savais pas ou qu'on ne me l'avait pas dit. 

 

Y a-t-il des conseils reçus durant votre carrière de footballeur qui vous suivent depuis dans votre vie d'homme ? 

Oui, d'être, comme je l'ai dit, soi-même. Toujours. De ne pas vouloir entrer dans le moule et plaire à tout le monde. En tout cas, le football m'a forgé un caractère pour ne pas faire confiance trop facilement, sans être méfiant non plus. 

 

À quel moment de votre carrière êtes-vous passé du jeu que l'on conseille au joueur qui est capable de donner des conseils aux autres ? 

Ça, c'est plus vers la fin. Je dirais à partir de mon retour en France, au Sporting (Bastia, en 2014 - 2015). Je reviens, j'ai un certain âge, un certain bagage. La fin est plus proche que le début. C'est là que tu dis qu'il faut penser à aider les jeunes et leur donner les clés. 

 

Vous avez été international jeune, vous avez gagné la Ligue des champions avec Liverpool et des titres dans votre carrière. Vous estimez donc que l'expérience vous l'aviez qu'en toute fin de carrière ? 

Tout ça, ça s'est passé tôt. La Ligue des champions, j'avais 24 ans. À part être vraiment très mature pour ton âge, je n'avais pas cette qualité-là. Auxerre, j'y ai joué de 20 à 23 ans. Il y avait des anciens, j'ai un certain respect des anciens. Il n'y pas d'âge pour prendre la parole et dire ce qu'on a à dire, mais il y avait des anciens qui étaient mieux placés pour ça. Puis, je n'avais pas le tempérament à l'époque. Avec l'âge et l'expérience, on apprend à s'ouvrir un peu plus et à aider un peu plus. 

 

Quels sont les joueurs qui vous ont le plus aidé, peut-être même sans le savoir ? 

Jean-Pierre Papin, à distance. Je suis très fan de Jean-Pierre. J'ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois. Dans ma jeunesse, c'était lui que je regardais, que je suivais, que j'avais envie d'imiter, même si on avait un jeu différent. En termes de finition et d'efficacité, c'était mon modèle. 

 

On se doute de la réponse mais, parmi vos entraîneurs, lequel a été le meilleur conseiller ? 

Guy Roux m'a donné les conseils... (il se reprend). Il a fait d'un enfant un homme. Grâce à ses conseils, sa bienveillance et sa façon de faire avec moi, ça a marché. 

 

Comment expliquez-vous cette alchimie entre ces deux personnes, Guy Roux et vous ? 

C'est ça qui est beau. On ne peut pas l'expliquer. Je suis arrivé, j'avais 13-14 ans, je n'étais pas encore concerné par l'équipe professionnelle et Guy a été vraiment attentionné. C'était vraiment important pour lui de venir me voir à l'entraînement de faire un point, d'appeler ma mère. Ça s'est passé dès mon arrivée, adolescent. Une fois que j'ai commencé à m'entraîner avec les pros, l'entente s'est vite mise en place. 

 

Du côté de l'OM, y a-t-il une personne qui a aussi plus compté qu'une autre ? 

À Marseille, oui. Pape (Diouf) bien-sûr, et José (Anigo). Albert Emon, aussi, qui était le premier coach quand je suis arrivé. Pour te mettre en place, c'est important d'avoir des gens comme ça. Pape, paix à son âme, a vraiment tenu parole. On s'est mis d'accord avant que je me blesse. Il a eu ce message : "On est des hommes, on s'est mis d'accord, tu es un enfant de Marseille, un enfant de l'OM. Il n'y a rien qui change, reviens-nous plus fort." Ce message-là, c'est à jamais. 

 

Par Arnaud Vitalis pour La Provence.