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Stéphane Gachet : tour d'horizon des médaillés français avec l'Est Républicain

À 240 jours du début des Jeux olympiques de Paris 2024, Stéphane Gachet, auteur de plusieurs livres de sports, a sorti ce mercredi un ouvrage intitulé JO d'été, tous les médaillés français de 1896 à nos jours. On y découvre des révélations autour des médaillés lorrains et francs-comtois. Un nageur mosellan sacré en argent aux Jeux de 1900 tombé dans l'oubli, le destin incroyable d'un mutilé de guerre en 1914 devenu champion olympique, un Franc-Comtois premier médaillé olympique mort pour la France... Tour d'horizon.

Il connaît le palmarès des médaillés olympiques français sur le bout des doigts. Stéphane Gachet a sorti, mercredi 29 novembre, un ouvrage qui s'intitule « JO d'été, tous les médaillés français de 1896 à nos jours » aux éditions Talent Editions.

Parmi les 1 266 médaillés olympiques qu'il retrace dans ce livre, on retrouve des révélations sur les sportifs de nos régions. Parmi eux, le Lorrain Joseph Bertrand, le premier champion olympique lorrain des JO d'été et inconnu du grand public ! 

Joseph Bertrand, 1er médaillé olympique lorrain en 1900

Non Léon Epin, n'est pas le premier médailé olympique lorrain des JO d'été. Selon Stéphane Gachet, le doyen des médaillés olympiques nés en Lorraine se nomme Joseph Bertrand. Il a vu le jour le 13 juillet 1877 à Helstroff (57). Et lors des Jeux olympiques d'été de 1900 à Paris, il a remporté la médaille d'argent au 200 mètres nage par équipe, avec les redoutables Tritons de Lille. 

 

« Joseph Bertrand faisait partie de cette équipe incroyable qu'étaient les Tritons de Lille (qui n’existe plus aujourd’hui). C'est en me focalisant sur tous ces membres que je suis parvenu à tomber sur ce premier médaillé lorrain aux JO d'été », explique Stéphane Gachet. 

Il nous dresse le parcours de ce sportif tombé dans l'oubli, mais qui figure pourtant au palmarès des JO d'été. Ce jeune nageur mosellan a posé ses valises à Roubaix (59), et c'est dans le nord qu'il a rejoint les rangs de « l'une des plus grandes équipes de natation de l’époque ».

« Joseph Bertrand faisait partie de cette équipe incroyable qu'étaient les Tritons de Lille (qui n’existe plus aujourd’hui). C'est en me focalisant sur tous ces membres que je suis parvenu à tomber sur ce premier médaillé lorrain aux JO d'été », explique Stéphane Gachet. 

Il nous dresse le parcours de ce sportif tombé dans l'oubli, mais qui figure pourtant au palmarès des JO d'été. Ce jeune nageur mosellan a posé ses valises à Roubaix (59), et c'est dans le nord qu'il a rejoint les rangs de « l'une des plus grandes équipes de natation de l’époque ».

« Des concours sportifs ont eu lieu en marge de cette exposition universelle. Et à ce moment-là, ils n'étaient pas considérés comme des épreuves olympiques (sauf pour l'athlétisme). »

Il a aussi représenté la France en water-polo

Ce sportif lorrain s'est aussi illustré, lors de ces JO, en water-polo. Il s'est classé 5e avec ses coéquipiers des Tritons de Lille. Et pour la petite anecdote, à côté de ses talents de nageur, il occupait la fonction de magasinier, puis a déménagé à Troyes (10).

Décédé le 5 août 1918 à Lomme (59), Joseph Bertrand a emporté avec lui sa médaille historique décrochée le 11 août 1900. 

François Walker, gymnaste lorrain médaillé en 1920, mutilé de guerre en 1914

Au tour d'un autre sportif lorrain qui a marqué l'histoire du sport olympique ! Il s'agit de François Walker, né le 3 juin 1888 à Lunéville (54).

Le Lorrain a décroché la médaille de bronze en gymnastique artistique par équipe, le 24 août 1920 aux Jeux olympiques d'été d'Anvers (Belgique). 

Un champion paralympique avant l'heure 

Dans les archives, sa fiche militaire figure une mention particulière. Quelques semaines avant sa médaille aux JO de 1920, il a perçu une pension d'invalidité de 30%.

Cette pension est devenue définitive en 1924 à cause d'une « paralysie au bras », et de « troubles de la vision » après une blessure par balle reçue en 1914.

« On peut le faire figurer parmi ces fameux champions paralympiques avant l’heure, car il était mutilé de guerre en 1914, et étonnamment médaillé six ans plus tard ! C'est un destin absolument incroyable », s'exclame Stéphane Gachet.

François Walker s'est installé très jeune en région parisienne. Il occupait le poste d'ajusteur-mécanicien aux usines Citroën de Boulogne-Billancourt. Et lors de ces Jeux de 1920, il s'est aussi classé quinzième du concours général individuel.

Il est décédé le 6 août 1951 à Clichy (92) avec la particularité d'avoir remporté une médaille par équipe, trois mois après avoir été reconnu handicapé...

Henri Bonnefoy, Franc-Comtois médaillé de bronze aux JO de 1908

 

Parmi les médaillés francs-comtois qui ressortent de son ouvrage, on retrouve aussi le tireur sportif Henri Bonnefoy qui a participé aux Jeux olympiques d'été de 1908 à Londres et qui a remporté la médaille de bronze en petite carabine par équipe. 

« C’est le premier médaillé olympique français à être mort pour la France », relate Stéphane Gachet. « Au total, il y a eu seize médaillés tués durant la Première Guerre mondiale ». Lieutenant pendant ce conflit, il meurt au combat à Cernay en Alsace.

Léon Epin, le gendarme lorrain qui a raflé 3 médailles à 61 ans

 

Toujours dans cet ouvrage intitulé « JO d'été, tous les médaillés français de 1896 à nos jours », Stéphane Gachet a aussi mis en lumière un autre Lorrain, Léon Epin.

Membre de la 1re Compagnie d'Arc de Montfermeil (93), ce gendarme affecté en Normandie a eu un parcours atypique. Il a occupé plusieurs métiers, celui d'agent d'assurances en 1905, avant de devenir employé de banque.

Fils d'un sabotier du village de Ceintrey, près de Nancy, il est le second médaillé le plus âgé de l'histoire olympique française ! 

Il avait 61 ans lorsqu'il a remporté deux médailles d'argent en tir à l'arc (aux épreuves de 33 et 50 mètres par équipe) ainsi qu'une médaille de bronze (au 28 mètres par équipe) aux Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers.

Eugène Grisot, le plus âgé de tous les natifs de Franche-Comté à être monté sur un podium olympique

Enfin, dans son ouvrage, Stéphane Gachet souligne aussi la performance de l'archer haut-saônois Eugène Grisot, né à Fretigney-et-Velloreille. Il a décroché une médaille d'or aux JO 1908 à Londres, et 2 médailles d'argent et 1 médaille de bronze aux JO de 1920 à Anvers.

Il est à l'âge de 53 ans et 7 mois, le plus âgé de tous les natifs de Bourgogne-Franche-Comté à être monté sur un podium olympique. Il est loin d'être le doyen, qui est le navigateur parisien Ferdinand de Schlatter (69 ans, 3 mois et 8 jours au moment de sa médaille en 1900), qui devance le Lorrain Léon Epin.

Eugène Grisot s'est éteint le 2 mai 1936 à Paris.

Mais alors, quel est le point commun entre ces destins croisés de Lorraine et de Franche-Comté ? Selon Stéphane Gachet, de nombreux médaillés olympiques français sont tombés dans l'oubli. 

« Toutes les fédérations n'ont pas un service documentation, et c'est bien dommage », ajoute Stéphane Gachet. « Je trouve cela extrêmement injuste qu’un médaillé olympique, qui porte les couleurs de la France au plus haut niveau international, puisse à ce point tomber dans l’oubli ».

C'est pourquoi il s'est plongé durant près de 20 ans dans ce travail colossal.