Sport Culture
Lifestyle et Business

NEWSLETTER

Guillaume Warmuz : l'entretien avec Ouest-France

À l'occasion de la sortie de son autobiographie, Ma vie sera ici, Guillaume Warmuz a répondu aux questions de Jérôme Bergot pour Ouest-France. Un entretien placé sous le signe de la foi, qui fait grandement partie de la vie de Guillaume.

Enfant, en Bourgogne, à Blanzy près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire),le petit Guillaume se faisait «tirer l’oreille » par sa maman pour aller à la messe le dimanche matin. «J’y allais, j’ai fait ma première communion, ma communion solennelle, et puis… » Et puis le football, sa passion, a pris le pas. «Je suis parti à l’école de l’INF Vichy (ancêtre de Clairefontaine),et j’ai arrêté d’aller à l’église. » La carrière de Guillaume Warmuz, aujourd’hui domicilié à Saint-Léger-sur-Dheune, s’est ensuite étalée sur près de vingt ans avec plus de 600 matches au haut niveau comme gardien de but.

La révélation a lieu en avril 1996, à l’âge de 26ans. Il subit un choc, physique et émotionnel : une grave blessure au genou. «Mon rapport à la foi s’est ouvert à ce moment-là, se souvient-il. Je suis en rééducation à Saint-Jean-de-Monts (Vendée) et j’ai très peur. De ne pas pouvoir rejouer. J’ai commencé à prier et à aller à l’église du village. Je suis seul, je demande à Dieu de m’aider parce que je sens que je ne vais pas m’en sortir. Je m’accroche à la prière. Finalement, petit à petit, ça revient. Ça met quand même un an à guérir, c’est très long, mais j’ai trouvé dans la prière une force nouvelle. »

Une fois rétabli, Guillaume Warmuz, 1,87m sous la toise, retrouve son meilleur niveau et devient même champion de France en 1998 avec Lens. Mais, à chaque fois qu’il le peut, il va prier dans une église.

À Arras (Pas-de-Calais), lorsqu’il joue à Lens, ou dans les églises des villes où se déroulent ses matches. «Je découvrais des choses incroyables. Je me souviens de la cathédrale de Rouen (Seine-Maritime), magnifique, et de l’église moderne sur la place où a été brûlée Jeanne d’Arc… Je me sens bien dans laprière. Cela rejoint un peu le poste de gardien, seul devant son but. J’y vois un rapport.»

Et puis dix ans plus tard, une deuxième blessure, identique, le frappe. Une nouvelle opération puis une autre, qui l’inquiète davantage. «J’avais un peu peur de la péridurale. Un grand gaillard comme moi, c’est curieux, n’est-ce pas ? Et là je vais passer dans la vie de chrétien. Une orientation vers les sacrements de la foi catholique. Je fais la promesse de me confesser, ce que je n’avais jamais fait. » Le temps passe, Warmuz retrouve les terrains et joue désormais à Monaco. Un jour de repos, il se promène dans l’arrière-pays monégasque en voiture avec son épouse. Il rate une sortie d’autoroute et se retrouve sur une petite route. « Je tombe alors sur une église perchée, le sanctuaire de Notre-Dame de Laghet. J’entre et je vois tous les ex-voto (offrandes) de gens exaucés dans leur prière, après des guerres, des maladies, des accidents.» 

Lui revient alors cette promesse de confession qu’il avait totalement oubliée… «J’entre dans un confessionnal pour la première fois de ma vie et cela me bouleverse. J’en sors heureux, libéré. Je suis ensuite souvent retourné prier dans cette chapelle, discuter avec les gens qui s’en occupent. » Dès lors, Guillaume Warmuz cherche à approfondir sa foi.

«Pour aller plus loin, découvrir cette richesse incroyable de tout ce qui est cultuel, visiter le patrimoine religieux près de chez moi en Bourgogne, à Paray-le-Monial, Beaune (Côte-d’Or). Je fais aussi une retraite dans un monastère de Bénédictins, près de Dijon. Cinq jours en silence. Le lieu, la spiritualité, le calme, c’est toujours un peu l’idée du gardien de but solitaire… »

Et puis, alors qu’il a arrêté sa carrière une petite dizaine d’années plus tôt et donne des coups de main dans des clubs de football, une opportunité à laquelle il n’avait pas songé se présente en 2015. Devenir aumônier… Ce n’est pas le terme exact, même si dans les faits, cela correspond. «Je suis responsable en aumônerie, explique-t-il. Je ne peux pas célébrer la messe, ni donner les sacrements. Mais des laïcs qui sont baptisés peuvent être des intermédiaires là où il y a un manque de prêtres. »

Il n’est pas près d’oublier sa première visite, dans une maison de retraite au Creusot. La dame qui l’accueille a installé dans sa chambre une statue de Notre-Dame de Laghet, facile à reconnaître avec sa couronne et son manteau rouge. «Ça lui rappelait de bons souvenirs. »

Guillaume Warmuz apprend que, avec son mari, décédé depuis, ils allaient tous les étés en vacances à Roquebrune (Alpes-Maritimes) et se rendaient à la chapelle où la vraie statue est exposée. Et puis, son époux aimant le foot, ils se rendaient ensuite à la Turbie pour voir l’équipe de Monaco s’entraîner… «Incroyable! La première personne que je vois ! Comme si elle connaissait mon parcours… » C’est ce qu’on appelle un signe. «Voilà, cela fait désormais huit ans que je suis l’aumônier de quatre maisons de retraite au Creusot. Je visite régulièrement ces gens souvent malades, à la mémoire fragile…» Et qui ignorent que ce Guillaume, si gentil et attentif, a été jadis un célèbre gardien de but qui, tous les matins, se rend dans l’ancienne écurie de sa maison familiale, transformée en lieu de culte, son« oratoire », construit avec l’aide d’amis : «Un lieu de paix, de calme, de tranquillité où il fait bon venir se recueillir.» Comme avant un match.

Ma vie sera ici 

Guillaume Warmuz publie son autobiographie, Ma vie sera ici, où défile sa carrière (396p., éditions Talent Sport, 20,90€). Toujours actif dans le football, il était jusqu’à peu directeur sportif de l’UF Mâconnais (Saône-et-Loire), en National 2 (quatrième division). À son arrivée au club, en 2021, où il officiait comme entraîneur des gardiens, il a vite sympathisé avec Alain Griezmann, président du club et papa d’Antoine, leBleu aux 127sélections. «Il est derrière nous, de façon indirecte, très discrète, mais il nous suit, il veut s’investir dans le futur.» Guillaume Warmuz a annoncé son départ de l’UF Mâcon-nais il y a quelques jours.