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Stéphane Gachet : la découverte d'un médaillé gersois oublié avec Actu Occitanie

Dans un livre monumental, Stéphane Gachet a listé tous les médaillés olympiques français des JO d'été. Et, surprise, parmi les 1 266 noms, il y a un Gersois inconnu jusqu'ici.

Le Gers faisait partie des rares départements français à ne compter aucun médaillé olympique d’été (de naissance). « Faisait » parce que c’est ce qu’on croyait. Jusqu’à la publication d’un livre monumental. Et tire un Gersois de l’oubli. Explication.

Alors que la France s’apprête dans quelques mois à accueillir de nouveaux JO, Stéphane Gachet a sorti récemment le livre somme JO d’été : Tous les médaillés français de 1896 à nos jours. Un pavé de plus de 600 pages qui ne se contente pas de lister les champions, mais leur (re)donne vie avec une biographie parfois tirée de l’ombre pour la première fois. Le fruit d’un travail de presque vingt ans.

Une enquête de près de deux décennies

« En 2005, j’ai tapé mon nom de famille sur internet et je suis tombé sur un Jean Gachet, médaillé de boxe aux JO d’Anvers en 1920. Je me suis demandé qui il était », raconte l’auteur, Stéphane Gachet, à Actu Occitanie.

Sauf que ni la fédération de boxe (qui n’existait pas), ni le comité olympique français n’avaient d’informations sur ce champion, en dehors de son palmarès. « Ça m’a intrigué. J’ai cherché dans la presse de l’époque », poursuit Stéphane Gachet. De fil en aiguille, de noms de clubs en noms de villes, il a fini par boucher les trous de l’histoire de son « glorieux homonyme ».

Plusieurs révélations

« Je me suis alors dit que c’était injuste de porter les couleurs d’un pays et de tomber ainsi dans l’oubli », explique l’auteur. Alors, il a mis le doigt dans l’engrenage. Un engrenage très chronophage qui a abouti à la publication d’un premier livre incomplet en 2011. Puis d’un second fin 2023, qui recenses 1 266 médaillés français. Avec seulement cinq noms qui résistent encore un peu aux investigations.

61 médaillés nés en Occitanie

Une base de données inédite et exhaustive qui permet de dire que 61 médaillés aux JO d’été sont nés en Occitanie. Ce qui place cette dernière au septième rang des régions en la matière. Tous les départements d’Occitanie ont au moins un médaillé. Même le Gers, jusqu’ici oublié…

Un véritable scoop plus d’un siècle après les faits. Pour comprendre pourquoi il n’a pas eu les honneurs du pays (ni de son lieu de naissance), il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Les Jeux de 1900 à Paris n’étaient que les deuxièmes après la résurrection de cette compétition par Pierre de Coubertin. Et ils se sont déroulés sur plusieurs mois, du 14 mai au 28 octobre, dans le cadre de… l’Exposition universelle.

 

Des JO un peu spéciaux…

Une situation inédite avec une double autorité en charge de l’événement qui a créé la confusion. Au point que la plupart des participants à ces animations sportives ne savaient pas qu’ils participaient à des Jeux Olympiques ! Même les médaillés.

Et le comité olympique était avare en info sur les champions, avec des prénoms absents ou des numéros accolés aux noms de famille. « Il y a par exemple un Teissier 1 et un Teissier 2 », détaille Stéphane Gachet pour Actu Occitanie

Grâce à un cheval

Pour le médaillé gersois, il a donc fallu fouiller très loin. Et c’est grâce à un cheval que la lumière a été faite sur cette belle histoire. Car le champion en question pratiquait l’équitation. Et sa monture s’appelait Canéla. 

Mais avant de parler de lui, il faut d’abord effacer un autre nom des tablettes. Celui de Dominique Maximilien Gardères, présenté jusqu’ici comme le médaillé en question et originaire de Biarritz. Jusque dans sa fiche Wikipedia et du côté du comité olympique français.

Le champion était mort avant de sauter l’obstacle

Le 2 juin 1900, il n’a pas pu être le premier champion olympique de l’histoire de l’équitation française. Et pour une très bonne raison. Il était mort. Depuis deux ans.

On savait qu’il était né en 1856, mais avant que Stéphane Gachet ne s’empare de l’affaire, on ne connaissait pas sa date de mort. Or, l’auteur l’a retrouvé. C’était en 1898 en Argentine. Un certificat de décès le prouve. Mais alors qui est champion ?

Un manège à Biarritz éclaircit le mystère

En suivant les traces de Canéla, Stéphane Gachet a tout compris. Il a d’abord retrouvé le propriétaire du cheval. Un certain Oscar Heeren. Et du côté de Biarritz, les investigations mettent au jour un « A. Gardère », cavalier, qui arrive dans les Pyrénées-Atlantiques en 1896 et crée un manège à chevaux. Le lien entre les deux est ensuite établi. Actes de naissance, de décès et fiche militaire exhumés.

Le Houga au centre de l’attention

On tient notre champion : Alfred Gardère, né le 7 janvier 1867 à Le Houga (Gers) et décédé au même endroit, à l’extrême ouest du département, dans un relatif anonymat, le 4 juillet 1925. Et entre les deux, on peut désormais ajouter : médaillé d’or aux JO de Paris 1900 (Sports équestres – saut d’obstacles en hauteur). Avec un saut à 1,85 m.

Inconnu à domicile

Plus d’un siècle après son exploit, son honneur est restauré. Et sa commune du Houga, informée. Là-bas, la mairie de ce village d’un peu plus de 1 100 habitants (1 500 à l’époque) « n’avait jamais entendu parler de lui… », précise Stéphane Gachet à Actu Occitanie.

Le premier dans plusieurs domaines

Il est pourtant, c’est maintenant une certitude, le premier champion olympique français en équitation, ainsi que le premier médaillé olympique (d’été) de la région Occitanie. Reste à savoir si son département ou sa commune sauront lui rendre hommage et comment, alors que la flamme olympique, qui reviendra dans le Gers le 18 mai 2024, ne passera pas par Le Houga…